Sur la terre de feu et de glace
L’Islande. Ce nom claque comme un souffle glacé sur le visage, un murmure ancestral venu des entrailles de la Terre. À peine posé le pied sur cette île rugissante, j’ai senti ce frisson particulier qu’on ne ressent que face à une puissance qui nous dépasse. L’Islande n’est pas simplement un pays à visiter : c’est une expérience sensorielle, un théâtre de forces primordiales où se croisent volcans grondants, geysers capricieux et aurores dansantes. Laissez-moi vous emmener au cœur de ses merveilles les plus emblématiques, un carnet de voyage à ciel ouvert.
Les volcans : les géants qui sommeillent parfois…
Comment parler d’Islande sans évoquer ses volcans ? Plus de 130 systèmes volcaniques parsement le pays. Ici, la terre respire, tremble, et parfois explose. C’est brutalement poétique. Chacun de ces géants raconte une histoire, parfois millénaire, parfois bien plus récente…
J’ai foulé les pentes noires de l’Eyjafjallajökull, ce volcan au nom imprononçable qui a cloué les avions au sol en 2010, rappelant au monde que Mère Nature n’est jamais vraiment sous contrôle. Le vent y porte l’odeur entêtante du soufre, et chaque pas sur les scories semble chuchoter les légendes des anciens.
Mais mon cœur a réellement été pris par le Fagradalsfjall, dans la péninsule de Reykjanes. Là-bas, en 2021, un spectacle aussi terrifiant que sublime a envahi le ciel : une éruption rougeoyante jaillissant dans l’obscurité arctique. J’y suis retourné récemment, pour observer les champs pétrifiés encore fumants. On s’y sent minuscule devant tant de force créatrice.
Geysers et sources chaudes : là où la terre fait bouillir l’eau
Imaginez une plaine grise aux relents d’œuf pourri. Et soudain, le cœur de la Terre s’élève sous forme de colonne d’eau bouillante : vous êtes à Geysir, dans la vallée de Haukadalur. C’est ici que le mot « geyser » est né, baptisé en l’honneur du vieux Geysir, aujourd’hui endormi mais majestueux.
Son petit frère, Strokkur, prend aujourd’hui la relève, jaillissant toutes les dix minutes avec une régularité déconcertante. À chaque explosion, j’avais l’impression d’assister à la respiration d’un dieu ancien, une pulsation vitale de cette île vivante.
Mais l’Islande, ce n’est pas seulement l’eau en furie, c’est aussi l’eau en caresse. Plongez dans les bains naturels du Secret Lagoon ou les eaux laiteuses du Blue Lagoon, véritables sanctuaires géothermiques. Je me souviens encore du silence surréaliste d’un bain fumant à Mývatn, avec pour seul bruit celui des oiseaux qui planaient au-dessus des champs de lave… Un moment suspendu.
Les aurores boréales : quand le ciel s’embrase
C’est sans doute le rêve de nombreux voyageurs : voir les aurores boréales danser dans le ciel. Et en Islande, entre septembre et avril, ce miracle devient possible, presque familier.
Là-bas, on ne les guette pas, on les attend comme on attend un être cher. On scrute le ciel, on plisse les yeux, le souffle suspendu. Et parfois, sans prévenir, elles s’élèvent. Vertes, violettes, indigo… Elles ondulent comme des draps de soie sur un fil d’horizon gelé.
Je me souviens d’une nuit autour de Kirkjufell, cette montagne en pain de sucre tant photographiée. J’étais seul, l’appareil photo prêt, mais incapable de cliquer quand le ciel s’est mis à danser au-dessus de moi. Parfois, il faut juste regarder, oublier l’objectif et revenir aux sens. Cette nuit-là, j’ai pleuré. Pas de froid, mais de beauté pure.
Quelques itinéraires pour ne rien manquer
Vous rêvez de goûter à l’essence de l’Islande ? Voici quelques propositions d’itinéraires pour ceux qui veulent en prendre plein les yeux :
- Le Cercle d’Or : En une journée, reliez Þingvellir (site historique et géologique magique), Geysir, et la chute de Gullfoss. Un classique incontournable et facilement accessible depuis Reykjavik.
- La Côte Sud : Skógafoss, Seljalandsfoss, Reynisfjara… des noms qui sonnent comme des poèmes nordiques. C’est ici que la terre semble rencontrer l’océan dans une débauche de contrastes.
- La Péninsule de Snæfellsnes : Appelée parfois « l’Islande en miniature », elle concentre volcans, champs de lave, plages de sable noir et villages de pêcheurs. Atmosphérique à souhait.
- L’Autotour du Cercle : Si vous avez 10 à 15 jours, lancez-vous dans le tour complet de l’île par la Route 1. Liberté, isolement et paysages lunaires garantis.
Conseils pratiques pour une immersion réussie
L’Islande peut sembler rude au premier abord, mais elle est d’une hospitalité silencieuse une fois qu’on apprend à la lire. Voici quelques conseils glanés au fil de mes périples :
- Louez un véhicule adapté : Surtout en hiver, privilégiez un 4×4. Les routes secondaires peuvent vite devenir pièges de neige… et d’aventure.
- Respectez la nature : Ne sortez jamais des sentiers tracés. La mousse que vous pourriez écraser met des décennies à repousser. L’Islande se laisse séduire, mais pas blesser.
- Habillez-vous en oignon : Superposition, voilà le mot magique. Le climat est changeant, imprévisible, parfois capricieux, comme un elfe malicieux.
- Ne planifiez pas trop : Laissez place à l’inattendu. Une aurore boréale, une cascade cachée au détour d’un fjord, ou un café où l’on vous racontera des légendes… c’est souvent dans l’imprévu que se nichent les plus beaux souvenirs.
Un pays qui vous regarde droit dans l’âme
L’Islande n’est pas simplement une destination. C’est une rencontre. Avec le sauvage, l’élémentaire, le vrai. On y touche du doigt ce vieux rêve d’un monde encore pur, où les éléments commandent et où l’homme apprend à écouter.
Sur cette île, les volcans grondent, mais ils enseignent l’humilité. Les geysers explosent, mais ils rappellent la force de ce qui couve. Et les aurores boréales… elles viennent, silencieuses, comme des messagères du ciel pour vous dire : « Reste là, regarde. Ressens. »
Alors si, comme moi, vous entendez parfois en vous cet appel du Nord, ne résistez pas. Faites vos bagages, prenez une bonne dose de curiosité et un appareil photo chargé, mais surtout, ouvrez grand vos yeux et votre cœur. Car en Islande, c’est l’âme qui voyage.
